Le Processus GIZC – Un itinéraire vers la durabilité des côtes - Co-construction d'une vision

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Introduction  


Initialisation  


Analyse des trajectoires
(passé/présent/futur)
 


Co‑construction d'une vision  


Planification stratégique  


Mise en oeuvre  


 


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Les principales tâches

A la troisième étape, les tâches principales peuvent se résumer comme suit:

  1. Construire un consensus – les acteurs concernés et, plus largement, les populations s’accordent sur les problématiques et priorités majeures pour la région.
  1. Donner une direction – s’accorder sur une vision commune pour la région, sur les priorités et sur le contenu des objectifs de la stratégie, du plan ou du programme.
  1. Mesurer la réussite – choisir les indicateurs qui permettront de mesurer la réussite à la fois du processus de GIZC et de ses résultats.

Les résultats attendus

Un énoncé unique de la vision commune, comprenant les priorités et les objectifs, accompagné d’un matériel d’appui pour bien les interpréter et de rapports sur la démarche participative, ainsi que d’une matrice d’indicateurs (qui se remplira tout au long des étapes ultérieures du processus de GIZC et de sa mise en œuvre).

Une vision commune doit être à la fois rationnelle et créative :

« Etre prospectif est avant tout un état d’esprit…et une manière de se comporter… Sans perspectives pour l’avenir, le présent n’a pas de sens… La rationalité et la créativité de la planification stratégique sont complémentaires, ce n’est que de prime abord qu’elles paraissent contradictoires »

Godet, M. 1987. Scenarios and Strategic Management, Butterworth: London.

Construire un consensus

Les acteurs identifiés dans l’analyse des acteurs, faite au cours de l’étape de mise en place, vont maintenant jouer un rôle actif pour filtrer, valider et corriger les problématiques mises en avant dans le rapport de cadrage, et qui auront été confirmées et approfondies dans l’étape d’analyses et prospectives, en vue d’en tirer les priorités.

Les objectifs du travail de construction du consensus sont de :

  • Valider et corriger le rapport de cadrage sur la base de la réaction des acteurs concernés ;
  • Identifier les relations entre les forces et les pressions, et les problématiques, selon une démarche cadre de type FPEIR (Forces, Pressions, Etat, Impacts, Réponses), et se mettre d’accord sur les risques encourus.
  • Aboutir à un ensemble partagé de priorités.

Priorités émises d’en haut et priorités exprimées par les populations locales

Le processus de GIZC devra en outre rapprocher les priorités des populations locales avec celles de niveaux gouvernementaux ou sectoriels plus élevés. Ces priorités devraient théoriquement être complémentaires, par exemple quand les préoccupations de la population sur la qualité locale de l’eau de mer rejoignent une obligation réglementaire à suivre des normes nationales ou internationales. Mais tout autant, ces priorités seront parfois en conflit, par exemple quand l’adaptation au changement climatique impose des restrictions au développement local.

L’affinage ou le regroupement de ces priorités en un nombre plus restreint de priorités centrales faciliteront la sélection des objectifs et des indicateurs dans les étapes ultérieures.

Le point de vue de l’expert – Daria Povh-Skugor, PAP/RAC
Daria Povh-Skugor, PAP/RAC

La construction du consensus est l'une des missions cruciales du groupe technique, mais aussi du groupe de pilotage et de toutes les personnes impliquées dans le processus de GIZC. Cette mission commence dès la mise en place du processus et continue tout au long de celui-ci. Grâce à leurs nombreux attraits, les zones littorales sont devenues les environnements naturels et sociaux les plus complexes et interconnectés. Au sein d’une telle complexité, il y a de nombreux intérêts différents, rarement complémentaires. Afin de trouver des solutions efficaces pour un développement durable, tous les acteurs concernés doivent se sentir impliqués, écoutés et respectés. Cela ne vient pas spontanément; bien au contraire, cela exige beaucoup de temps, d'énergie, de patience, de compétences et de ressources.

Construire un consensus est un élément important, voire crucial, pour développer l’appropriation et la participation, et éventuellement pour réussir l’implication large des acteurs. Cela aide les acteurs à mieux se comprendre mutuellement, ce qui est indispensable pour parvenir à des solutions de qualité pour tous. Il est illusoire de s'attendre à ce que tous les acteurs soient satisfaits des résultats de façon égale, mais au cours de la recherche d’un consensus, les vues de certains peuvent évoluer en s’orientant vers la durabilité. Le consensus construit pendant le processus de GIZC est la principale garantie pour que les résultats du processus finissent par aboutir à un véritable changement vers un littoral durable.

Donner une direction

Donner une direction – ou élaborer la vision commune – consiste à définir l’état futur désirable ou souhaitable de la zone littorale en termes d’orientation stratégique fondamentale. La vision décrit avec des mots simples à quoi ressemblera la zone littorale à l’échelle de 10 à 30 ans, et même au delà si la mise en œuvre de la stratégie, du plan ou du programme est une réussite. Dans l’idéal, la vision commune doit être :

  • Claire et convaincante ;
  • En conformité avec les aspirations des partenaires et de la population, et avec les politiques déjà existantes ;
  • Ambitieuse et facilement mémorisée ;
  • Une image frappante d’un futur souhaité.

La vision commune et ses objectifs découleront des priorités sur lesquelles les acteurs se sont accordés. Le CAR/PAP a élaboré une vision commune « modèle » pour le littoral méditerranéen, qui comprend 6 principes du développement durable. Il propose la vision d’un littoral qui serait :

Résistant – résistant aux incertitudes à venir en matière de changement climatique tels que la montée du niveau de la mer, le réchauffement et la sècheresse ; résistant aux variations du climat tels que les tempêtes, inondations, vagues extrêmes ; résistant aux tremblements de terre et à l’érosion ; résistant aux impacts négatifs des activités humaines, tels que la pression du tourisme et du développement urbain sur le littoral.

Productif – garantissant des revenus financiers dans les secteurs économiques traditionnels, modernes et à venir ; répondant aux aspirations économiques des populations littorales ; constituant un atout compétitif pour l’économie locale, de grande valeur économique et naturelle – participant ainsi à l’accroissement du PIB et à la réduction de la pauvreté.

Diversifié – diversifié écologiquement, c’est-à-dire composé d’une riche mosaïque d’écosystèmes marins et terrestres ; diversifié dans ses paysages, qu’ils soient ruraux ou urbains, anciens ou modernes ; diversifié économiquement – apportant une diversité spécifique au monde méditerranéen ; diversifié dans sa société – offrant un cadre propice à la mixité sociale, ouvert sur le monde, etc.

Singulier – protégeant les singularités culturelles des régions littorales, comme leur architecture, leurs coutumes et leurs paysages, soulignant que la Méditerranée est le « berceau de la civilisation » et offrant ainsi une image marketing distinctive qui attirera les investissements.

Attrayant - préservant l’attractivité du littoral, pas uniquement pour les visiteurs mais également pour les investisseurs et pour les populations locales, créant ainsi un cycle auto généré de croissance durable.

Sain - épargné par la pollution d’origine terrestre ou marine, avec des eaux douces et marines propres et une atmosphère non polluée – constituant ainsi un environnement sain pour la population et pour les activités basées sur les ressources naturelles telles que la pêche, ainsi que pour la faune et la flore sauvage.

Les objectifs de la vision commune décriront comment sa mise en œuvre pourra être mesurée et réalisée, et reflèteront les priorités en matière de gouvernance, d’environnement et de socio-économie. Les objectifs décrivent l’état final souhaité en termes mesurables et sont la mesure de la performance du processus de GIZC.

Les objectifs doivent être mesurables, atteignables, réalistes et reliés à un calendrier. Au-delà de cette simple description, les objectifs peuvent toutefois être plus complexes et divisés entre objectifs de haut niveau (ou buts) et groupes de sous-objectifs.

De nombreux objectifs seront prédéterminés par les politiques internationales, nationales et infranationales. On peut citer, entre autres et avant tout, la Convention de Barcelone mais également des instruments comme « Horizon 2020 », la Directive cadre sur l’eau, la Directive cadre relative à la stratégie en milieu marin, la politique maritime et d’autres. Ces cadres fournissent généralement des références qui mériteront d’être rediscutées pour apprécier la possibilité de les regarder comme des aspirations minimales et de les dépasser.

Mesurer la réussite : les indicateurs de GIZC

Que sont des indicateurs ?

« Les indicateurs sont des relevés d’état quantitatifs/qualitatifs ou des paramètres mesurés/observés qui peuvent être utilisés pour décrire des situations existantes et pour mesurer des évolutions et des tendances dans le temps. Leurs trois principales fonctions sont de simplifier, de quantifier et de communiquer… En quantifiant les phénomènes complexes, les indicateurs souvent simplifient, ce qui facilite et renforce la communication de l’information à l’attention des décideurs et autres acteurs concernés, notamment le grand public… Ce sont des outils puissants pour le retour d’information au sein d’un plan d’action, tels des signaux d’alarme précoces sur un problème émergent, et pour transmettre un message concis pour impliquer les acteurs, les éduquer et les sensibiliser. »[1]

De ce fait, les indicateurs doivent :

  1. Etre en adéquation claire avec les objectifs ;
  2. Etre clairement reliés aux résultats observés ;
  3. Etre élaborés par les acteurs concernés ;
  4. Faire partie intégrante du processus de gestion, et ne pas constituer une fin en soi.

Pourquoi des indicateurs ?

Un suivi-évaluation efficace est un outil indispensable pour le processus de planification et de mise en œuvre. Les indicateurs ont une fonction correctrice dans le cycle du processus de GIZC, en permettant des ajustements ainsi qu’en servant de guide pour organiser efficacement la mise en œuvre et d’outil de communication.

Lors de l’élaboration d’une stratégie, d’un plan ou d’un programme pour une zone littorale, il faudra choisir des indicateurs de bonne gouvernance, environnementaux et socioéconomiques qui correspondent aux objectifs et qui permettront de déterminer si les interventions sont un succès.

Ces indicateurs découlent des étapes antérieures du processus de GIZC.

Leur relation avec les objectifs

La matrice d’indicateurs va devenir un élément central de la stratégie, du plan ou du programme, en permettant d’en quantifier les objectifs et, par la suite, d’en mesurer la mise en œuvre. Les indicateurs joueront également un rôle important pour :

  • Evaluer les options – en fournissant une check-list pour mesurer les retombées positives et négatives ;
  • Suivre la mise en œuvre de la stratégie, du plan ou du programme ;
  • Concilier les horizons à court et long terme – en confrontant les résultats à court terme et les retombées à plus long terme.

Trois types d’indicateurs seront proposés :

  1. Des indicateurs de durabilité : mesures permettant de montrer que le but de la stratégie, du plan ou du programme est atteint - à travers les retombées à long terme
  2. Des indicateurs d’impact : mesures permettant de montrer que les objectifs de la stratégie, du plan ou du programme ont été atteints – à travers les résultats à moyen terme
  3. Des indicateurs de performance : mesures permettant de montrer que les activités du projet sont en cours de réalisation – à travers les résultats à court terme.

Identifier et collecter des données pour les indicateurs peut sembler décourageant. Mais en les classant selon leur importance et selon la facilité de leur collecte, il devient plus facile d’allouer des ressources à ce travail.

Le diagramme ci-dessous, extrait du PAC de Slovénie, propose une matrice simple pour classer les indicateurs selon leur importance et la facilité de les obtenir.

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Matrice d’indicateur simple du projet PAC Slovénie.

La hiérarchie des indicateurs – indicateurs clés et spécifiques

Trop d’indicateurs risque de nuire au processus plutôt que de le faciliter. Un ensemble limité d’indicateurs s’impose : des indicateurs clés et des indicateurs spécifiques. Les indicateurs spécifiques détaillés peuvent être utiles pour une audience technique ou pour les partenaires majeurs ou financiers ; mais pour une audience plus large, ils peuvent se révéler obscurs et dépourvus de signification.

Il faudra donc sélectionner un nombre limité d’ « indicateurs clés » pour présenter efficacement à une audience non-technique les tendances en matière de durabilité, d’impact et de performance. Pour cela, ces indicateurs seront utilisés d’une manière qui donne rapidement l’état d’avancement. Généralement, les indicateurs sont condensés avec des graphismes simples comme des émoticons (ou figures de smiley), des feux de signalisation ou autres images, ou encore des classements chiffrés (1 = le pire, 5 = le meilleur).

La principale fonction des indicateurs clés est de faciliter la communication. Il faut donc se demander : quels sont les indicateurs les plus compréhensibles pour donner une idée de l’avancement général de la stratégie, du plan ou du programme ? quels indicateurs auront une résonnance émotionnelle forte auprès de l’audience ciblée ?

Techniques & outils

L’exemple présenté ci-dessous est basé sur des objectifs socioéconomiques hypothétiques. Toutefois, il faut garder à l’esprit qu’à ce stade, la description des indicateurs ne contiendra pas les mesures de quantification (nombre d’hectares, nombre de postes de travail, etc, par exemple), qui ne seront indiquées pour chaque indicateur que dans le document final de la stratégie, du plan ou du programme.

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(Adapté de: A Handbook for Measuring the Progress and Outcomes of Integrated Coastal
and Ocean Management
. IOC Manuals and Guides, 46; ICAM Dossier, 2. IOC, UNESCO, 2006)


La complexité et le nombre d’indicateurs varieront selon la nature de la zone et des ressources disponibles. Ils devront toutefois couvrir les domaines de la gouvernance, de l’environnement et de la sphère socioéconomique, en concordance avec les objectifs.

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Références

  1. A handbook for measuring the progress and outcomes of integrated coastal and ocean management. Manuals and Guides, 46; ICAM Dossier 2, IOC, UNESCO, 2006


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